Ces choses là arrivent sans crier gare, quand on ne les attend plus : alors que l'actualité de la plus géniale console portable de Sony ne tourne plus qu'autour de la fermeture (ou pas, c'est compliqué) des boutiques en ligne des générations passées, voilà qu'un attaché de presse bien renseigné nous propose l'impensable, en réunissant dans un même intitulé "PS Vita" et "review". Il n'en fallait évidemment pas plus pour repartir la fleur au fusil.
Le 20 juillet dernier sortait donc envers et contre tout Witchcrafty, le nouveau jeu de PigeonDev, un nom qui aurait pourtant du sonner comme un premier avertissement. Sur le papier, l'aventure avait potentiellement tout pour plaire à votre serviteur : découvrir un platformer exigeant en Pixel Art sur une console délaissée, voilà qui avait de quoi nous réjouir.
Wait for it
Malheureusement, avec Witchcrafty, les problèmes commencent dès l'écran titre, alors que l'on se demande si le jeu a bien compris que l'on avait appuyé sur Start. Plusieurs fois même. Malgré un écran fixe qui n'inaugure rien de bon, l'aventure commence, et l'on découvre un univers coloré et un rien lugubre, aux commandes d'une jeune sorcière aux cheveux roses tout droit sortie d'un manga des années 1980. À peine a-t-on eu le temps de tailler le bout de gras avec les consoeurs de la forêt que l'on découvre le Royaume attaqué par des forces maléfiques, et nous voici partis à l'assaut d'une poignée de mondes thématiques pour sauver la mise d'un bon coup de baguette magique.
Ma sorcière mal-aimée
Witchcrafty emprunte son gameplay à bien des productions indépendantes de ces dernières années : à l'instar des platformers de McMillen ou Thorson, en plus accessible, il faut parvenir à enchaîner quelques tableaux de plus en plus retors pour atteindre le checkpoint suivant, et ainsi de suite. Les ennemis disposent tous d'un pattern d'attaque que l'on décode bien vite, et la progression va de pair avec un élargissement de la palette de sorts, qui permettent également d'ouvrir quelques coffres bonus. La difficulté n'a rien d'insurmontable, mais la prise en main peu ergonomique (les attaques s'effectuent avec carré et rond tandis que triangle déclenche le dash) ne rend pas toujours la tâche très aisée. Si les animations fonctionnent bien, la précision des sorts n'est pas des plus fines, et il faut un petit temps d'adaptation pour en maîtriser correctement la trajectoire.
Tu m'as ensorcelé
Les premiers niveaux s'enchaînent sans mal, mais alors que l'on commence à tenter plusieurs fois un même passage, une étrange impression s'empare du joueur. A-t-il été ensorcelé par Witchcrafty ? Oh que non : c'est bien le jeu qui est possédé. D'un essai à l'autre, les ennemis décident ou non d'apparaître, torturent la notion de collisions en traversant les décors, et se mettent parfois à attaquer depuis l'écran suivant, comme ça, juste pour rigoler. Notre pauvre héroïne n'est pas en reste, puisque les plates-formes sur lesquelles elle doit prendre appui sont parfois matérialisées... et quelques fois pas, comme le narrait Claude Piéplu. Car le jeu semble bien sortir de l'univers des Shadoks, tant il célèbre l'aléatoire : des animations de chutes restent affichées même à terre, et certains tableaux infligent sans raison des dégâts, ce qui oblige à inlassablement les retenter pour espérer enfin profiter d'un fonctionnement moins retors. Vous ne l'avez pas vu venir, mais vous voici désormais dans la peau d'un bêta-testeur. Quel mauvais sort, même à 4,99 euros.